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Les Cahiers de l'ACME

Le festival Archipel suisse francophone de musique contemporaine se déroulera du 23 mars au 1er avril 2007 à Genève

12 Mars 2007, 17:04pm

Publié par Vinciane Baudoux

Logo festival Archipel 2007

Archipel, le Festival des musiques d’aujourd’hui, se déroulera à Genève (Suisse) du vendredi 23 mars au dimanche 1er avril 2007 ; il s’agit du seul festival dédié à la musique contemporaine en Suisse francophone.
Cette année, le festival s’articulera selon trois volets distincts mais complémentaires : « Au Centre du Son », axé sur une rétrospective de l’œuvre du compositeur italien Giacinto Scelsi (avec entre autres l’intégrale de son œuvre chorale et de musique de chambre, ainsi que la création mondiale d’une partition de jeunesse oubliée, Rotativa, composée en 1928) ; « Une symphonie diagonale », ou comment aborder la problématique de la complémentarité du son et de l’image (théâtre musical, hörspiel, cinéma « abstrait » des années 1920, « cinéma pour l’oreille ») ; et enfin, « Atelier cosmopolite » : l’Europe s’ouvre à la jeune génération de compositeurs venus du monde entier, mais également de la francophonie - n’oublions pas que nous sommes à Genève !
Giacinto Scelsi © Archivio Fondazione Isabella ScelsiA tout seigneur, tout honneur : Giacinto Scelsi (La Spezia (Italie) 8 janvier 1905 - Rome 9 août 1988) commence à composer vers 1928. Elève de Schoenberg, il rejette cependant très vite le principe de la série, et c’est lors d’un séjour psychiatrique en Suisse dans les années 1940, durant lequel il se soigne lui même en rejouant indéfiniment la note do sur un piano (cela n’est pas sans nous évoquer, quelque vingt ans plus tard, In C de l’Américain Terry Riley, qui rejeta lui aussi, à l’instar d’ailleurs de toute l’école américaine dite minimaliste, les techniques sérielles auxquelles il avait été formé) qu’il élabore sa technique compositionnelle : aller jusqu’au bout du son, de la note, pour en tirer toute la quintessence. Cette simplification radicale du discours musical placera le compositeur pour longtemps en porte à faux vis-à-vis de ses collègues sérialistes - à l’époque, sinon aujourd’hui, l’heure n’était certes pas à la simplicité ! Cependant, la musique de cet italien visionnaire annonce déjà la musique spectrale et les développements actuels de la création musicale.
Le concert d’ouverture du vendredi 23 mars à 20 h 30 au Théâtre Pitoëff sera entièrement consacré à la musique de chambre du Maître, avec des pièces écrites entre 1954 et 1974. Avec Natacha Maric, violon ; Ernesto Molinari, clarinettes ; Béatrice Zawodnik, hautbois ; ainsi que le Quatuor à cordes de Turin. Ces musiciens sont classés parmi les meilleurs interprètes de Scelsi,ce qui vous promet une belle soirée en perspective, si vous appréciez la musique de chambre du XXe siècle !
Le dimanche 25 mars à 11 h, sous l’intitulé « Scelsi : par-delà la légende », vous pourrez entendre deux conférences sur le compositeur, - dont une, par son compatriote Alessandra Carlotta Pellegrini, sur sa pièce inédite Rotativa - et visionner le film Casa Scelsi du néerlandais installé en Suisse Fred van der Kooi, qui retrace la vie et le travail du compositeur.
Ce même jour à 15 h, le violoncelliste belge Arne Deforce jouera la trilogie pour violoncelle Les trois âges de l’homme de Scelsi, composée entre 1956 et 1965.
A 17 h enfin, cette journée se clôturera par un concert consacré à des œuvres chorales du compositeur, qui seront interprétées par le New London Chamber Choir sous la direction de James Wood.
Le second volet de ce festival, la Symphonie diagonale, abordera la problématique du son en tant que matériau en-dehors des notes ou de l’orchestre, d’une musique qu’on se projette intérieurement comme un film.
Le mercredi 28 mars à 20 h, Machinations d’Aperghis pour quatre voix de femmes et ordinateur, constitue la première incursion du compositeur dans les arcanes de l’informatique musicale, dont il déjoue les écueils habituels. Avec les voix de Donatienne Michel-Dansac, Geneviève Strosser, Sylvie Sacoun et Sylvie Levesque. Ordinateur : Olivier Pasquet, assisté de Tom Mays pour la réalisation informatique musicale IRCAM.
Le jeudi 29 mars à 18 h aura lieu le vernissage des installations sonores de Jean-François Laporte. Inventeur d’instruments impossibles, le Canadien fera résonner le grand espace acoustique de la Maison Communale de Plainpalais avec ses tôles, bois, tuyaux et autres ballons sonores.

Ce même jour à 22 h 30 au Théâtre Pitoëff, c’est à un concert de l’Italien Stefano Giannotti que vous êtes conviés pour la projection sonore, par le compositeur lui-même, de son Hörspiel  Il tempo cambia, constitué de 32 images sonores basées sur le Yi-King.
Le vendredi 30 mars à 22 h 30, au Théâtre Pitoëff toujours, aura lieu le 1er volet de « Le son fait son cinéma », au cours duquel vous entendrez des histoires radiophoniques contées par les lauréats du Concours Ferrari, ainsi que des fragments de l’opéra vidéo de Julien Taride. Une réalisation de La Muse en circuit sur acousmonium AMEG.
Le lendemain samedi 31 mars, même lieu même heure, lors du second volet, vous pourrez visionner dix courts-métrages abstraits d’avant-garde datant du premier quart du XXe siècle et écouter la bande sonore dont ils ont été dotés par neuf compositeurs italiens contemporains. Il en résulte une rencontre étonnante, traçant une diagonale entre la musique concrète des compositeurs et la peinture abstraite dont s’inspirèrent les réalisateurs.
Nous voici arrivés au troisième panneau de notre triptyque, l’Atelier cosmopolite, qui tentera de répondre à la question suivante : qu’est devenue la problématique de l’écoute du son, née après guerre de la musique électroacoustique et des œuvres de Scelsi et de Cage, poursuivie dans les années 1970 par le mouvement spectral et qui atteignit son apogée avec la technologie informatique dans les années 1980 à 2000 ? Les organisateurs d’Archipel tenteront de démontrer les effets bénéfiques de la mondialisation de l’imagination artistique sur la composition contemporaine au moyen de la programmation d’une série de créations de compositeurs américains et européens, sans oublier la Suisse et l’Italie.
Dans ce cadre, le concert « Portails 1 » qui aura lieu le jeudi 29 mars à 20 h à l’Institut Jacques Dalcroze vous propose de découvrir la jeune génération sud-américaine et européenne de compositeurs. Avec des œuvres de Fernando Garnero (Argentine), Samuel Andreyev (Canada), Marco Suarez (Colombie), Yann Robin (France), Denis Schuler (Suisse) et Francisco Huguet (San-Salvador). Avec les Musiques Inventives d’Annecy pour la réalisation électronique.
Mais la jeune génération n’est pas sortie de nulle part, et elle s’appuie sur l’héritage de quelques « grands ancêtres ». Parmi ceux-ci, György Ligeti, qui disparaissait l’été dernier (voir notre article). Archipel lui accorde une soirée d’hommage le vendredi 30 mars à 17 h à la Maison communale de Plainpalais. La pièce la plus ancienne qui sera jouée lors de ce concert est le Quatuor à cordes n° 2 (1968). Outre des œuvres de Ligeti, vous aurez également l’occasion d’entendre les Moments musicaux op. 44  (2005)
pour quatuor à cordesde son ami György Kurtag, ainsi que Lux Aeterna du Français Jacques Lenot, pièce pour ensemble de chambre écrite en hommage posthume au compositeur hongrois.
Spatialisation du son AMEG (c) Ameg et ArchipelEt le dimanche 1er avril à 12 h, au Théâtre Pitoëff, « Portails 3 » intéresera plus particulièrement les lecteurs de ces colonnes, puisque ce concert vous donnera l’occasion d’entendre la nouvelle génération de compositeurs de musique acousmatique avec, au programme, en création suisse, des oeuvres d’Isabel Pires (Portugal), Basilis Del Boca (Argentine), Santiago Tomás Diez Fischer (Argentine), Jakub Ciupinski (Pologne) et Stéphane Bissières (France). Avec Thierry Simonot et Rainer Boesch à la projection du son sur acousmonium AMEG. Pour les amateurs, à noter que ce concert sera précédé d’un brunch à 10 h 30.
Enfin, sachez que dès le vendredi 23 mars à 18 h et durant toute la durée du festival, vous pourrez visiter une expo consacrée à Scelsi, intitulée O som sem o som et mise sur pied par Luciano Martinis, éditeur et ami du compositeur.

Le programme d’Archipel étant très touffu, nous vous en avons présenté une sélection. Veuillez cliquer sur le lien suivant pour télécharger le programme complet au format PDF.
Bon festival !

Renseignements :
Festival Archipel
8, rue de la Coulouvrenière
CH-1204 Genève
Suisse
Tél. : [00 41] (0) 22 329 42 42
Fax : [00 41] (0) 22 329 68 68
Courriel : info@archipel.org

Lieux :
Maison communale de Plainpalais et Théâtre Pitoëff
52 rue de Carouge
CH-1204 Genève
Suisse
La Maison communale de PlainpalaisInstitut Jaques-Dalcroze
44 rue de la Terrassière
CH-1204 Genève
Suisse
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